La veille de notre départ, Keiko Shimoda (la dame avec qui je suis allée au marché aux puces) avait invité le groupe de l’exposition à un BBQ avec vue sur la ville illuminée, sur le toit de son immeuble. Nous nous sommes régalés de pétoncles, de crevettes, de poulet, de tofu, que nous ramassions sur la grille avec nos baguettes, dès que cuits, en plus des assaisonnements et des légumes. Tant de saveurs et de générosité! Les plus jeunes sont partis au Karaoké, nous avons multiplié les mercis, pas d’adieux déchirants seulement des désirs de se revoir bien que nous sachions de part et d’autre qu’il était peu probable que ces vœux se réalisent.
Dimanche, nous nous sommes envolées vers Tokyo. Le trajet s’est fait facilement, à l’arrivée nous avons vite saisi le fonctionnement du train et du métro, le personnel ainsi que les voyageurs étaient remarquablement coopératifs, il suffisait de montrer notre destination sur la carte pour avoir de l’aide. Moi qui étais effrayée à l’idée de me retrouver parmi les 35,000,000 d’habitants, j’ai vite compris que le savoir-vivre et l’immense politesse des Japonais nous faisaient oublier le nombre et que cette population on la vit un petit peu à la fois.
Lundi, nous avions décidé de prendre la journée doucement, je devais rencontrer une relation de ma belle-fille pour le thé, ce qui ne nous a pas empêché de marcher 3-4 heures dans notre quartier pour nous situer. Nous avions loué un petit appartement près de l’université Keo et bien qu’il soit fort simple, nous avons apprécié un peu plus d’espace, comme je l’ai dit précédemment les chambres d’hôtel étaient petites.
Après le thé au club privé de la dame, dans une atmosphère distinguée avec vue sur le jardin et conversation à voix basse, nous nous sommes retrouvées dans un restaurant japonais réputé pour son ambiance et ses mets typiques. Dans ce décor de » Kill Bill » (poutres apparentes, bancs et tables en bois foncés patinés, murs blanchis, mezzanine avec vue sur la salle et le comptoir de cuissons où les cuisiniers s’affairaient pour servir tout ce beau monde. Le bruit était omniprésent, celui du mobilier, des plats et casseroles, des grésillements des aliments sur le feu et des voix environnantes, de plus, chaque nouveau client avait droit à un cri de bienvenue de la part des serveurs et cuisiniers, ce qui nous faisait sursauter à intervalle régulier. On nous a apporté des brochettes croustillantes, une salade, du riz, c’étaient délicieux la salle s’est remplie, les cris ont diminués, nous sommes parties satisfaites, une belle mise en scène pour touriste.
Mardi Sylvie avait pris rendez-vous avec un guide photographe qui nous a fait voir Tokyo la nuit, les maids cafés, les arcades, la cabine pour le chanteur de karaoké solitaire, le monde interlope, les minuscules bistros qui n’ont que 5-6 places assises et chacun leur thème; les clients s’y installent quelques heures pour discuter de sujet particulier soit celui-ci pour la politique, celui-là pour la poésie, cet autre pour parler anglais ou une autre langue. Bref un Tokyo particulier et tout aussi actif que le diurne !
Mercredi nous sommes dirigées vers le triangle d’art dans Roppongi, après avoir parcouru la très touchante installation de Lee Mingwei au Mori Art Museum, nous avions un p’tit creux, nous avons marché vers la Brasserie Bocuse tout en en haut du National Art Museum, pour nous régaler d’une cuisine bien Française à un prix raisonnable (+ ou – 20$) considérant la qualité des plats. Repues et ravies, nous sommes reparties vers l’exposition d’œuvres contemporaines, il faisait beau, quelle chance nous avions!
Que me reste-t-il de ce voyage? Des très belles images: la propreté des villes, la politesse des Japonais, la beauté frappante de plusieurs, hommes ou femmes, l’ingéniosité au service de la communauté et surtout des découvertes sur moi, le voyage intérieur est souvent le plus riche et il se déroule encore longtemps après.